Post by Thierry VIGNAUDUn réseau synchronisé (en ondes moyennes) permet à divers émetteurs de
diffuser le même programme sur la même fréquence. La synchronisation consiste
ajuster parfaitement les fréquences de tous les metteurs car un décalage
d'un ou de plusieurs (dans la mesure où il va y avoir des zones de
recouvrement pour les auditeurs) produira une fréquence égale la différence
de fréquence ce qui peut produire battements ou sifflements.
Il existe toujours aujourd'hui deux réseaux synchronisés diffusant
France Info. L'un, sur 1404 kHz, comprend les émetteurs de Grenoble,
Pau, Brest et Dijon. L'autre, sur 1494 kHz, les émetteurs de Clermont-
Ferrand, Besançon et Bayonne. En plus France Bleu/Radio Corse
Frequenza Mora est diffusée sur ces mêmes fréquences depuis Ajaccio
(1404) et Bastia (1494), si bien que Radio France réussit l'exploit de
se brouiller elle-même la nuit :-) .
Les émetteurs AM modernes sont suffisamment stables pour qu'on n'ait
pas à ajuster quotidiennement les fréquences des émetteurs
synchronisés. Ce n'était pas le cas dans les annéees 50/60 Je n'ai pas
d'enregistrement, mais je me souviens très bien que chaque soir (vers
18 heures en hiver et vers 20 heures en été), une annonce était
diffusée (je cite de mémoire): "Nous allons interrompre notre émission
pendant quelques minutes pour procéder au réglage des réseaux
synchronisés". Alors, la puissance baissait considérablement, un seul
émetteur restait à pleine puissance et les autres devaient se caler
avec précision sur sa fréquence. On entendait des sifflements
d'interférences pendant cinq minutes, puis la pleine puissance
revenait sur tout le réseau. Le plan de Copenhague (appliqué en 1950)
avait attribué à la France trois fréquences pour des émetteurs
synchronisés : 1403 kHz (Paris Inter/Inter Variétés), 1349 kHz et 1241
kHz (Programme National, France III, aujourd'hui France Culture... les
noms ont varié avec les époques). Les émetteurs concernés étaient de
puissance moyenne (de l'ordre de 10/20 kW): Lille-Camphin 2, Nancy-
Nomeny 2, Lyon-Dardilly, Grenoble, Marseille-Réaltor 2, Nice-Antibes,
Toulouse-Muret 2, Pau-Billère, Bordeaux-Néac 2, Limoges-Nieul 2,
Clermont Ferrand-Ennezat, Nantes-Montbert, Rennes-Thourie 2, Brest-
Quimerch 1 et 2, Rouen Louvetot.
L'opération de synchronisation permettait d'éliminer les sifflements,
mais ne résolvait pas le problème majeur (toujours actuel) des réseaux
synchronisés, lié à la propagation nocturne: un fading violent
accompagné de fortes distorsions et de résonnances de "fond de
tonneau", ce qui fait que l'écoute nocturne n'est vraiment possible
qu'à proximité de l'émetteur. Voilà pourquoi les réseaux synchronisés
en AM, employés pour pallier le manque de fréquences, ne sont qu'un
pis-aller qui restreint beaucoup la portée utile des émetteurs la
nuit.
Pierre.
Pierre CHABOT
chabot-***@wanadoo.fr